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samedi 13 décembre 2014

JEAN-LUC MERCIER - HISTOIRE D'AMOUR ET QUESTION D'AVENIR
















Histoire d'Amour et question d'avenir




Des amours nées hier à l’Amour pour demain – message et prière d’âme et cœur d’humain

Il y a ces amours de chair, il y a ces amours de sang. Il y a cet amour inscrit au fond de nous, un appel vital, un élan salvateur, message de gênes à l’espèce pour lui assurer son existence. Cet amour inné, qui bien peu se commande, sans mérite, et que pourtant sans cesse on glorifie.
L’amour convoité, l’amour recherché, l’amour conquit ou conquêtes, l’amour trophée ou trophées, et puis un jour l’amour piège, amour résigné que l’on affirmera choisi. Petite vanité. Comme s’il ne pouvait y avoir qu’un seul être prédestiné, celui qui ne se trouve qu’après longue quête par vents et marées… Amour victorieux d’une lutte acharnée ! Allons, allons… mais peu importe puisqu’il y aura le plus souvent toi, moi, toi et moi, des fruits sûrement, lui, ou elle, ou eux, nous trois, nous quatre, ou même nous dix… mais surtout eux, avec toi, avec moi, trop souvent sans nous deux… et pfft, un jour les oiseaux s’envolent ! Et après, parfois toi et moi encore, parfois toi sans moi avec d’autre(s) moi sans toi avec d’autre(s), ou seuls, seul. Mais une histoire de nous, écrite depuis quelques millions d’années, inscrite dans l’histoire de la vie, avec juste quelques vers en plus, quelques roses avec ou sans épines, quelques bijoux, ou des pacotilles, tous aussi inutiles, des accessoires pour certains, du viagra pour d’autres. Un nid, parfois cocon, parfois prison, aussi.
Pâle victoire, maigre conquête, les honneurs sont faciles. Ah ces amours là… quelle affaire. Et les musées se remplissent, puisque ces amours se peignent, se sculptent, s’immortalisent au cas où elles seraient immortelles ! À moins que ce ne soit par peur de les voir s’éteindre. Et les bibliothèques croulent sous les rayonnages trop lourds de recueils et de lettres ; comme si rien ne semblait n’avoir jamais été dit, il faut en ajouter. Mille fois ressassées, mille fois peintes ou sculptées, dix mille fois chantées, ces amours qui ne sont que des recettes de cuisine dont tous les ingrédients nous sont pourtant imposés. Mais voilà que chacun se prend à croire que son amour est si grand que jamais la Terre n’en connut de pareil, et que la Terre doit savoir que nul autre ne saurait l’égaler. Et comme brame son rut le cerf, nous voilà, avec tellement plus de délicatesse dira-t-on, étalant à l’humanité entière d’ordinaires sentiments camouflés sous de subtils mensonges. Puisque personne ne peut décrocher la lune, chacun décroche comme il le peut le pompon au manège, pour l’offrir amoureux comme un cadeau précieux.
Qu’importe ! Reliquat de compétition intraspécifique, tout est dit : course au plus bel hyménée, mots enflammés écrits en lettres d’or… et gagne l’admiration celui qui s’affiche le plus fort. Impose respect par débauche de moyens et de mots, surtout de moyens. Affirme qu’il existe encore des rois pour le vermeil, et des vassaux. Un peu de tulle et quelques dragées suffiront pour ces derniers. Et pour les vassaux des vassaux, ou les oubliés, un regard, un mouton peut-être, ou rien en tout cas qui ne mérite quelque émerveillement.
Et pourtant, pourtant… il n’y a rien de grand dans ces amours-là ; avec ou sans richesse, dans le satin ou dans le lin, habillées de Guerlain ou dévêtues sans parfum, du nord au sud… rien que de l’ordinaire. Elles ne sont pas choisies. Rien qui ne soit inventé, rien qui ne soit le fruit d’une volonté. Effrayante égalité puisqu’en matière d’inné, les nantis n’ont pas plus d’amour que les pauvres. N’en déplaise à ceux pour qui noces de vermeil, noces d’or ou de diamant, n’est qu’une affaire d’argent… des matières éternelles pour des amours fugaces dont il ne restera rien dans quarante-cinq ans, pas plus que dans cinquante et encore moins dans soixante.
Il y a donc ces amours qui nous rendent tour à tour chacun conquérant, idiot, romantique, jaloux, chose, tendre, vengeur, bestial, hypocrite, menteur, docile, attentif, terriblement égoïste… l’appel sauvage. La pulsion charnelle. La tension hormonale ! Une des grandes clés qui régit le monde, et son économie, qui écrit des lois et anéantissent des pouvoirs, qui font et défont des fortunes, dont les intrigues interagissent jusqu’au cœur des politiques et des fois, qui ébranlent les plus forts et toutes les certitudes. Plus encore, beaucoup plus encore… car des amours charnelles naissent d’autres amours, maternel, paternel, fraternel. Amours claniques qui nécessairement en découlent et que seules les scories de la vie altèrent parfois. C’est beau n’est-ce pas ? Mais c’est l’appel sauvage. Rien que l’appel sauvage. Non dira-t-on. Si pourtant. Et bien des Hommes ont peine à reconnaître qu’à quelques gouttes de Dior prêtes, qu’à quelques fantaisies artistiques prêtes, les pongidés ne font rien de moins que nous, et bien d’autres espèces sûrement. Manquerait plus demain que l’on découvre en leurs cris, en leurs gestes les prémices de chants et de danses, de créations d’art. Mais seront-ils là demain ? Avons-nous besoin de ces empêcheurs de tourner en rond, de ces cousins gênants ? Peut-être tant que nous saurons croire que nous leur sommes bien supérieurs… car sinon que nous restera-t-il d’autre que les revues « people », les téléréalités, ou pléthores roucoulades par SMS interposés, pour démontrer que nos amours sont autres que l’appel sauvage !
À moins que…
Non, ce serait folie ! Comment pourrait-on imaginer telle utopie ! Il faudrait pour cela tant d’Évolution encore avant que… !
Osons, osons quand même.
À moins, donc, que l’Homme comprenne qu’il existe un amour plus fort que tout. Un amour tellement plus grand, tellement plus beau et méritant que seules la conscience, l’intelligence et la spiritualité peuvent engendrer. Un amour véritablement volontaire, conquérant, initié, cultivé, dispensé, multiplié, fruit seul d’une grandeur absolue, fondamentalement antagoniste aux amours sauvages, affranchie du naturel, conciliable et concilié avec lui pourtant. Si aujourd’hui encore on dit « chassez le naturel, il revient au galop », ne peut-on imaginer qu’un jour on chasse le naturel pour révéler l’Amour ? Parce qu’il est vrai que cet amour là, n’a rien de naturel, ni charnel, ni paternel, ni maternel et bien plus que fraternel. Peut-être est-ce pour cela que nous ne savons pas encore tout ce qu’il peut engendrer de grand.
Nul être au monde n’a potentiellement ce pouvoir qui nous est donné de donner des ailes à cet amour-là, déjà né, mais presque toujours tu, étouffé, anecdotisé, secondarisé, ridiculisé même. Où approprié par des religions, chacune à sa façon, comme si l’amour n’avait d’existence que par la parole de Dieu ! En matière d’amour, et de cet amour là, chacun, seul, est Dieu, puisque Dieu est en chacun. Sans foi, sans croix, ou au-delà de toute foi, de toute croix, il faut oser penser ces choses-là. Il faut le vouloir et savoir que nous ne serons des Hommes que le jour ou nous aurons compris l’Amour pour autrui ; car il est sans conteste le plus incroyable défi qu’il nous soit donné de relever. L’Amour pour tout ce qui nous permet aujourd’hui d’être et de penser aussi, et bien sûr, puisque sans cela nous ne serions que sauvages. Il fallut 2270 fois les 200 000 ans d’existence de l’Homo sapiens pour que celui-ci commence à jouer avec des silex. Homo sapiens n’étant que le 1/2270ème du temps de l’existence de la Terre. Et que dire de l’Univers dont l’Homo sapiens n’en est que le 1/6885ème ? Tant de milliards d’années pour qu’à peine nés nous mettions le feu à la Terre en tapant sur des silex, et que nous nous coupions au passage. Il est vrai que les silex sont comme des lames de rasoir. Et que sommes-nous face à plus grand, à cet espace/temps dont nous ignorons tout. Rien. À peine sommes-nous dotés d’une conscience que nous l’oublions déjà. Des milliards d’années pour qu’après moult balbutiements l’élu dans cette course s’amuse encore à jouer à guéguerres, à s’accrocher à sa condition d’animal tout en le niant ; à faire l’arrogant, à celui qui sait ; à se croire tout puissant parce qu’il a remplacé
  • ses griffes par des missiles à ogives nucléaires,
  • ses poils par des moulés haute couture
  • son bain de boue dans sa soue par des bains de vapeur dans son sauna
  • sa quête de proies et de tubercules par sa recherche de la brasserie branchée
  • ses jeux dans l’herbe par sa PlayStation
  • et ses coups de crocs pour établir la hiérarchie par des grèves à répétition.
Non, ce ne sont pas les GPS qui nous traceront le chemin de l’Amour, alors… cessons de faire nos enfantillages de derniers nés trop gâtés. Soyons sérieux… il n’y aura pas d’autre chance : un petit déhanché de la Terre, un hoquet céleste, et pfft, nous disparaissons.
Alors, qu’attendons-nous ?
Fortuite ou création, notre existence est à ce jour l’aboutissement de tout ce que nous persistons à vouloir ignorer tout en le sachant. Que d’efforts, de colères et d’échecs, que de convulsions géologiques, que de chimie, de physique, d’essais biologiques avant que tant de ressources créées nous autorisent à être et à en user ! Toute l’humanité est un cadeau à elle-même, et nous voilà tels les chats sauvages dans notre territorialisme d’individu, telles les mangoustes dans nos territorialités de groupes !
Nés fondamentalement d’espèces sociales, ou à territorialité grégaire modérée, nous voilà à combattre pour l’individu plus que pour la société, pour la propriété plus que pour la planète ! Quel gâchis ! Fiers de notre amour copulatoire, fût-il fort agréable et si bien affiché, fiers de nos progénitures comme si nous avions inventé l’art de nous pérenniser ! Et nous voilà exhibant les poitrines remodelées ou voilant les corps, vaniteux au point de se gonfler les pectoraux ou le poil des barbes, c’est selon, mais incapable de se vouer enfin à la seule cause qui nous sauvera peut-être, à la seule en tout cas qui un jour fera disparaître les mots guerres, haines et précarité de la bouche de nos enfants. Il est vrai qu’il est plus facile de leur laisser le bébé. Il est vrai que cet amour-là nous oblige à, nous impose de, nous contraint à, nous prive de. C’est dur de partager, dur d’admettre que nous en avons trop quand d’autres n’ont rien, dur de sourire à une gueule qui ne nous revient pas, dur d’accepter que bien des vérités appartiennent à tous, dur de s’obliger à d’autres modèles de vie, d’autres façons de penser. Tout ce que nous savons faire depuis nos origines dans nos amours conjugaux et (ou) parentaux, tout ce qu’il nous est donné de le faire en conscience, toute cette voie tracée… et il nous faut encore hésiter alors qu’il suffirait de transposer ! Il y a tant de pas à faire encore que nous ne pouvons sans cesse transformer les bancs pour nous reposer un peu en méridiennes pour de longues siestes. En Amour comme en toute chose, trop attendre éteint les ardeurs.
Mais peut-être les mots sont il faux, peut-être les songes ici sont surfaits, peut-être l’Humanité s’assoie sur son apothéose sans l’avoir même sentie passer. Préférant le joug et la gloire, la guerre et la paix, la misère et les ors, les bidons villes et les bunkers dorés. Il resterait alors la damnatio memoriæ pour effacer de l’histoire de la Terre l’existence même de l’Homme et l’essence de ce qu’il aurait pu seul créer… l’Amour.
Peut-être alors que par tous ses tentacules le dieu unique né des pensées polythéistes d’antan sourira en pensant que la théodicée, pas plus que lui-même n’avait de sens. Mais très en colère, il n’aura d’autre choix que de s’oublier à lui-même.

Quel que soit la foi ou la non-foi, il est possible de croire en l’Amour, possible de croire que tous ensemble nous pouvons croire en cet Amour et tenter avec envie et volonté… OSER, maintenant !




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2 commentaires:

  1. Quand Jean-Luc jongle avec les mots, il nous offre un texte puissant.

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  2. Ah, Jean-Luc, cela faisait trop longtemps que je n'avais pris ta verve en uppercut, c'est vivifiant ce cri d'Amour, et ce OSER, ma devise, me sied bien ! J'ose dire que je t'aime beaucoup, et que j'aime ton écriture et tes cris, bisous, Jean-Luc!

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