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mardi 26 août 2014

MARCEL FAURE - 0126 à 0130 de La danse des jours et des mots





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Jeudi 26 janvier 2012 

 Matin lacéré d'un mauvais rêve. Restes de nuit suspendus aux paupières. Salle de bain incompétente. Cette glu informe où se piège mon optimisme. Et je ne me rappelle même plus ce qui me hantait.
Dehors le froid prend le soleil et le thermomètre refuse de grimper. Je vais tenter de me rassembler devant un café, face à cette rose qui s'agrippe à la beauté qu'elle fût.



Vendredi 27 janvier 2012 

Dans l'arène, on a lâché des hommes politiques. Féroce la cage aux lions. Aucune dignité, aucun respect pour l'électeur. Je zappe de plus en plus souvent. Je ne vote pas pour des hommes mais pour des idées, même si les hommes qui les représentent n'en sont pas toujours dignes.
Aucune chance pour le citoyen de base de se faire élire. Il se ferait étriper par le vocabulaire de circonstance. Refuser le débat. Seulement exposer ses idées et disqualifier tous les adversaires qui transgresseraient cette règle. Mais qui s'intéresserait alors à la politique.
Pauvre langage, dévoyé par toutes ces limaces baveuses que des journalistes irresponsables exploitent. Je sais pourtant qu'il existe des politiques honnêtes, y compris dans ceux qui se prêtent au jeu médiatique.



Samedi 28 janvier 2012 

Ô merveilleux sourires, vous qui n'avez rien en commun avec ces rictus qui vous ressemblent, maquillant les visages des maquignons qui voudraient bien nous vendre leur salade, vous êtes parfois si anachroniques.
Maquiller et maquignon n'ont-ils pas tous deux cette même origine néerlandaise de trafiquer (makelen). Que nous cache-t-on sous ce masque de parade resplendissant, ces dents blanchies à la javelle, et ce... et cette... ces lèvres largement ouvertes qui respirent la bonne foi et le bonheur. Attention à ce qui est trop parfait ! C'est à vendre.
Alors, mon pauvre sourire que je promène dans la rue, lorsqu'il a croisé le votre, Madame, par réflexe, vous y avez répondu. Puis vos yeux se sont arrêtés un instant sur ma bedaine, mes cheveux blancs et mes vêtements de friperie populaire. Vous vous êtes rétractée, presque apeurée. Pendant un court instant vous avez été belle, madame, oui belle.
Astiquée comme un modèle de foire, vous aviez repris votre allure de carrosserie rutilante. Vos talons aiguilles balançaient votre cul, si maigre. Nul marin n'en aurait voulu pour bouée. Soudain je fus triste de vous deviner si seule.



Dimanche 29 janvier 2012 

J'ai trouvé une coccinelle qui trottinait sur le sol de notre chambre. Une coïncidence curieuse. Hier soir nous avons reçu l'amie du "Dieu des coccinelles", titre d'une nouvelle qui relate sa rencontre avec un naturaliste fameusement gourmand, qui sévit dans la vallée de Chaudefour. Nous avions déposé son vêtement sur le lit.
Cette rencontre, c'est l'histoire d'une paire de pantoufles, d'un orage, d'un coup de foudre et ce qui en est découlé : l'incroyable complicité entre cet homme, la nature et... les coccinelles.
Cette rescapée, arpentant timidement ma carpette, avait dû se réfugier entre les replis secrets de l'anorak de l'aimée. Passant entre les dents du froid sans coup férir, elle nous rend ainsi un bel hommage pour avoir provoqué les multiples méandres de leur premier télescopage. Ce choc émotionnel passé, ils prirent quand même beaucoup de temps à s'apprivoiser
Petite coccinelle, entre mes doigts tu joues la morte. Ici tu ne crains rien. Vois, je te dépose entre les feuilles toujours vertes de cette plante, miraculée elle aussi, sauvée in extremis de la décharge municipale.



Lundi 30 janvier 2012 

Je ne retrouve plus ma coccinelle. Bien planquée derrière une feuille ou dans la terre de ma plante, elle attend patiemment un signal du soleil.
Les jours inarticulés de l'hiver égrainent leur monotone rigueur, mais renoncent pour l'instant à plonger dans le grand froid. La terre se réchauffe et les pauvres bourgeons ne savent plus que faire. Dans le méristème, une nouvelle génération de cellules s'impatiente trop tôt.
Chaque jour, nous louons les progrès de la science, tout en ignorant les nombreux signaux d'alerte qu'elle nous prodigue. Droit devant matelot, fonce dans le récif, pour que, jusqu'au dernier instant, la croisière s'amuse.
J'en appelle au poète; dès aujourd'hui ami, remet tes mots sur l'établi et façonne pour nous la rime mordorée. Le murmure azuré des secrètes saisons, au cœur des hommes, chantera la raison. Et l'hiver craquera pour des guirlandes de givre.











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1 commentaire:

  1. Un récit, des mots touchants qui me parlent ! L'indifférence des marionnettistes face à ce vieux monde qui tombe en ruine ! Bravo et casquette bien bas aux deux artistes, toi Tippi la magicienne des mots, et Marcel pour ce texte résolument altruiste qui résonne en moi comme un signal d'alarme ! A consommer sans modération ! Merci à vous deux !!!!

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