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Mercredi 29 février 2012
Je
grimpe à l'échelle du siècle. Toujours quelques barreaux de
retard. Alors je me déleste de quelques regrets. Ma progression
reprend, plus vive, plus gaie, plus consciente. Maintenant je peux
parler avec l'homme qui bataille sur l'échelle d'à côté, que
j'encourage et qui m'aiguillonne.
Plus
haut, la lune est prise, abandonnée, reprise et à nouveau
délaissée. Aucun intérêt, trop cher. Allez mes Pierrots, sur ce
coup-là nous avons de l'avance, grimpons. La Poémie est proche.
Jeudi
1er
mars 2012
Urgent : New York.
Au
secours, au secours !
Ils
veulent me tuer.
Je
veux rentrer en France,
Vite.
La
nuit,
Seule
dans mon île,
J'éteins
la flamme.
Mais
ils savent où je suis !
Trop
rouillée pour courir !
En
mon nom,
Ils
ont pu acheter des armes.
Et
maintenant,
C'est
contre moi qu'ils veulent s'en servir.
Au
secours !
Venez
me chercher.
Je
veux rentrer en France.
Signé
: la statue de la Liberté.
Vendredi 2 mars 2012
C'est
donc le prix de leur bonheur, là-bas, outre-Atlantique, pouvoir
s'entretuer librement dans les écoles, ou ailleurs, partout. Avoir
le droit de porter une arme parce que la liberté absolue, c'est la
jungle.
Au
passage, ils exportent leur ferraille dans le reste du monde, avec pour
tout message, cette conception sanglante de la liberté... et du
libre échange. Les grands mots sont lâchés. Les grands fauves
aussi. Sournoisement ils guettent.
Chez
eux, des pacifistes aussi donnent de la voix. " Peace and love
". Les sourds constitutionnels n'entendent rien. Ils sortent
leurs griffes, conspuent, conspirent, manipulent. Et si leur fils
meurt, sous la balle libre d'une arme acquise en toute liberté,
comme les crocodiles, ils versent une larme.
Quand
ils ont faim, les prédateurs mangent aussi leurs enfants.
Samedi 3 mars 2012
Je
ne suis sans doute pas le seul à avoir reçu ce S.O.S. Personne ne
l'a relayé sur les réseaux sociaux. Pas de buzz comme ils disent.
Rien.
Les
statues ne parlent pas, ne peuvent pas envoyer de message, ne pensent
même pas. Rodin, et son Penseur, qu'en faites-vous ! D'ailleurs les
sculpteurs modernes le savent. Plus d'hommes ni de femmes dans leurs
œuvres. Des colonnes, des symboles à l'esthétisme épuré qui
s'élancent à l'assaut de l'espace public et, s'ils ont un doute,
pour éviter tout dialogue, une bonne concrétion. Et hop, on ne
pense plus, on admire, on attend, on cherche une direction. Un doigt
géant, privé de corps nous indique le ciel.
Heureusement il nous reste le zouave du pont de l'Alma. Lui au moins
sait nous conter la Seine, les bateaux et les hommes. Il s'inquiète
chaque fois qu'une crue risque de le noyer, et nous avec lui.
Dimanche 4 mars 2012
Je
guette à la fenêtre. Ce jour mordra peut-être à mes lignes de
mots, lancées comme des appâts dans le sillage des jours. Levant
les yeux, je m'essaie à la néphélomancie. Pas un nuage à
l'horizon. Je reste sec.
Je
plonge dans Montale pour rouler mes galets dans ces rivières qui
fredonnent l'Italie. Aucune fontaine jaillissante, aucun signe.
Attentif
pourtant à la moindre fissure, au moindre épanchement, mes doigts
noués ne laissent rien échapper. Je dois avoir une ardoise qu'il me
faut payer avant de poursuivre.
Ah oui, les voisins, le café. Il est quinze heures, je change
d'étage.
Textes déposés et protégés
sur le site iPagination
Je me délecte toujours de la plume sensible et profondément humaniste de Marcel, j'aime les textes qui amènent à une réflexion, c'est un bien triste constat qui nous est dressé, un constat juste et effrayant ! Foi de Gavroche CHAPEAU BIEN BAS à tous les deux ! BRAVOOOO !!!
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