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Lundi 3 octobre 2011
Je
ne suis plus jaloux. Je dialogue avec votre bouquet. Tout ce que je
n'ai pas su vous dire, ce sont vos fleurs qui en auront la primeur.
Cette danse des couleurs qui me transporte ... à mon tour de vous
remercier pour la lumière, pour la fraîcheur, pour l'abeille qui
nous visite et pour cette soirée qui vibre encore en mon cœur.
Mardi 4 octobre 2011
Dans cette dérive insidieuse, où je perds peu à peu contact avec
la réalité, un soleil, pétales en éventails, me décroche une
œillade. Le paysage bascule. J'enfile mes chaussures. Je suis dehors
à m'assouplir, dans une chaleur accablante qui ne m'accable pas.
Quel bonheur de faire le lézard en octobre !
Le climat change. Nous en tirerions même quelques profits en cet
automne absurde où il ne pleut pas. Tout à mon plaisir, je
participe à l'indifférence générale. Foutue mauvaise conscience
qui me paralyse quoi que je fasse. Je bats le pavé plus fort pour me
martyriser. Bientôt je transpire.
Rapidement à la périphérie, soudain vidé de toute énergie, mais
léger, apaisé, je m'arrête à l'ombre d'un platane. Immobile,
j'écoute de tout mon corps.
Je
suis toujours assis dans ce fauteuil un peu dur à savourer ce brin
d'évasion qui monte par la fenêtre ouverte. Où est donc cette
unité de lieu chère aux auteurs classiques ! Comme si l'esprit
pouvait rester emprisonné.
Mercredi 5 octobre 2011
Prise
de sang ce matin; agitée, inquiète, Lloydia attend le résultat des
d'analyses. Cette maladie de Horton n'en finit pas de la boursoufler
au rythme des rechutes. La cortisone joue au yoyo avec sa peau.
Je
ne peux pas me détacher de cette angoisse qui la tourmente. Je
manque de perspectives. J'ai beau fouiller dans
mon vieux sac à dos où j'avais rangé quelques bouts de chemins,
rien.
Je
compulse de vieilles notes. Cette phrase :
Lorsque
la vie place la barre un peu haute, seuls les rêveurs peuvent la franchir.
Aujourd'hui, je n'arrive pas à rêver.
Jeudi 6 octobre 2011
Le ciel bouge. Je l'ai vu ce matin dans le vol d'un oiseau. Il
hésitait comme si sa boussole interne était déréglée. Affleurant
de ses ailes la surface incertaine, il chantait faux. Peu à peu, son
chant s'est affirmé. Il a repris sa route vers le sud poursuivant
l'indicible. Le ciel ne peut-être hostile à celui qui aime.
La rançon de l'amour, c'est cette inquiétude qui ronge. Suis-je à
la hauteur... Vertige ... Tout ce bleu qui m'aspire ... J'agonise
...Je ressuscite ... Il pleut. Le ciel s'étire et s'essore.
Gratitude de l'herbe. Je pousse une main jusqu'à ta hanche. Tu
souris.
Mon
second fils vient déjeuner à la maison entre deux rendez-vous. Il
s'invite presque toujours en ne prévenant qu'au dernier moment. Une
assiette de plus, un steak haché sorti du congélateur, une poignée
de spaghettis, pas de quoi en faire toute une histoire. Mais quelle
fête.
Mon fils aîné habite à plus de cent kilomètres avec son amie. Ils
se font plus rares à notre table. Alors toute la cuisine grésille,
rissole, mijote et se réjouit de leurs présences. Toute une salade
ce jour-là, avec plein de crudités et de douceurs et de grands
paniers de sourires.
Vendredi 7 octobre 2011
Sur
un petit lutrin de table, un livre déposé. Dans la langueur du
réveil, je l'observe sans l'ouvrir ... heureux qu'il soit là avec
ses verbes, ses sujets, ses compléments. Dès que je le touche des
yeux, il ronronne comme un gros matou charmeur. Il voudrait me
séduire ce beau phraseur. Je caresse sa couverture, je hume le
papier.
Impatient,
il me griffe d'un titre " Hauteurs de Macchu-Picchu "
Encore ? Dis-je en ouvrant au hasard. "
Je regarde ... la trace de l'eau dans le creux sonore ... Des
semaines, des mois d'air, mille années d'air, de vent bleu, ..."
Un lointain feulement descendu du Tibet attire mon attention, "
cet hymne mouvant, ce don farouche, ... chemine au plus haut des
cieux astrés. ... "
Néruda
et Segalen entament un étonnant dialogue ... et moi, "
suant mon encre " je
suis malade de cette fièvre des hauts plateaux. Je mâche la coca en
buvant du thé rance.
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