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Mardi 22 novembre 2011
Michel
Butor,
pendant
une
série
de
vingt
émissions
radiophoniques,
nous
a
proposé
"Une
histoire
de
la
poésie."
Il
raconte,
presque
au
début,
que
Victor
Hugo
convoque
les
poètes,
une
longue
liste
de
99
noms.
Cette
liste,
en
soi,
est
révolutionnaire
explique
Butor
parce
qu'elle
inclut
entre
autres,
parmi
les
poètes
anciens,
un
certain
nombre
d'auteurs
de
la
bible.
L'ancien testament
n'est
plus
sacré,
mais
poétique.
Une
hérésie
pour
l'église
catholique.
Dans
un
autre
domaine,
essayons
une
liste.
À propos de
cette
rose
par
exemple,
dont
nombre
de
poètes
se
sont saisis.
Allons
voir
si
la
rose
donc
...
Amour,
poésie,
couleur,
couleurs,
pureté,
deuil,
Angleterre,
François
Mitterrand,
latin,
déclinaisons,
universel,
jardin,
ornementation,
décoration,
peinture,
plante,
bois,
confiture,
parfumerie,
Orient,
commerce
international,
merde,
...
En
établissant
cette
liste
qu'il
conviendrait
certainement
de
compléter,
j'étais
parti
sans
préméditation,
et
soudain
Lloydia
me
rappelle
ce
nom
de
roses
que
l'on
donne
parfois
à
nos
déjections,
accolé
à
commerce
international,
il
exprime
toute
la
réticence
à
ces
échanges
entachés
d'exploitation
et
de
profits
démesurés.
Sur
le
rebord
de
ma
fenêtre,
mon
bouquet
perd
ses
plumes
et
m'offre
un
joli
parterre
de
pétales
blancs
ourlés
de
rouge.
Mercredi 23 novembre 2011
Vos
énumérations,
Monsieur
Sollers,
celles
que
je
qualifiais
à
tord
de
remplissage,
je
les
comprends
mieux
maintenant,
quelques
oiseaux
contenant
tous
les
oiseaux,
un
roman
qui
résume
tous
les
romans,
une
étoile,
un
point
d'ancrage
dans
notre
siècle
où
viennent
s'amarrer
tous
les
auteurs
du
passé,
un
tremplin
pour
l'avenir
de
la
littérature
que
le
temps
transforme
à
nouveau
en
base
arrière,
mais
aussi
un
hommage
à
ce
qui
nous
vient
du
fond
du
ciel,
du
fond
des
siècles.
Je
me
glisse
par
la
petite
porte.
Je
me
fais
tout
petit,
J'observe
cette
mise
en
relation.
Plus
forts
que
la
dérive
des
continents,
la
présence
à
nos
côtés
des
témoignages
de
l'humanité
tout
entière.
Je
reprends
votre
livre
où
j'en
étais
resté
:
"
Tout
s'effondre
et
tout
se
révèle,
c'est
un
enchantement
et
une
chance
à
l'envers
...
"
Je
ne
suis
qu'un
voleur,
mes
dieux
sont
dans
les
bibliothèques.
Jeudi 24 novembre 2011
Mes
pétales
finissent
de
sécher
sur
la
fenêtre.
Plutôt
que
de
les
jeter,
je
les
mettrai
dans
un
pot-pourri.
Conserver
tout
l'hiver
ces
senteurs,
me
rassasier
des
couleurs.
La
beauté
qui
s'exprime
magnifiquement,
derrière
la
transparence
du
verre.
Un
trou
dans
les
nuages.
Une
éclaircie
qui
ne
touche
que
mon
appartement.
Vendredi 25 novembre 2011
Je
bats
les
cartes,
et
toujours
la
même
dame
de
cœur
qui
sort,
dès
la
première
donne.
Tu
es
là,
dans
chacun
des
bruits
quotidiens.
Des
bols
s'entrechoquent,
tu
prépares
le
petit
déjeuner,
odeurs
de
pain
grillé,
confiture
de
mûres
que
nous
avons
ramassées
cet
été.
Un
jet
d'eau,
ton
corps
nu
sous
la
douche.
Un
léger
glissement
sur
le
sol,
tu
caresses
ma
joue.
La
glissière
de
l'armoire
à
vêtement,
un
pantalon,
un
chemisier
de
couleur,
jamais
du
noir,
une
petite
veste
douce
et
chaude.
Tu
apparais
dans
l'embrasure
de
la
porte,
virevoltes,
attends
mon
compliment.
—
Tu
ne
me
regardes
même
plus
!
—
Mais
si,
ta
chaussette
gauche
est
trouée.
Tu
cherches
ce
trou
taquin,
sorti
de
mon
imagination.
Ce
brin
de
colère
te
va
si
bien,
comme
ce
chemisier
parsemé
de
marguerites
brodées
et
ce
pantalon
qui,
sur
la
poche
arrière,
arbore
MAYFLOWER,
comme
aussi
les
branches
de
tes
lunettes
où
sont
gravés
de
minuscules
hibiscus.
Tous
les
jours,
je
te
respire
comme
une
prairie
au
mois
de
mai.
J'allais
oublier
les
myosotis
de
tes
chaussettes.
Sur
le
sol,
une
boule
de
houx
promène
son
inconscience
jusqu'à
ce
que
tu
l'écrases.
Samedi 26 novembre 2011
En
route
vers
une
grande
surface.
Participer
à
la
grand-messe
de
la
consommation.
Du
rouge
agressif.
Des
lettres
démesurément
aguicheuses
raturent
un
objet.
De
toutes
petites
sournoisement
tapies
dans
un
bandeau
sombre.
Nous
sommes
braqués
par
des
espèces
de
voyous
publicitaires
qui
nous
menacent.
Toutes
ces
couleurs,
ce
luxe,
cette
joie.
Nous
croyons
à
un
jeu,
mais
non.
—
le
progrès
ou
la
vie
?
Et
nous,
bêtement
:
—
le
progrès,
le
progrès !
Nous
rentrons
chez
nous,
le
dos
courbé
sous
le
poids
des
courses
et
méchamment
lardés
par
cette
batterie
de
couteaux
en
céramique
dont
nous
n'avions
que
faire
l'instant
d'avant.
Pas
de
sang,
pas
de
cadavre,
pas
d'assassin.
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