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Vendredi 28 octobre 2011
La
lune encore, mais avec Lloydia un soir d'été près d'un étang.
Plus tout à fait la même lune et pourtant ... la lune, l'étang,
dans les poèmes, les romans, dès les premières rédactions, dans
une correspondance, un écrit religieux, un décor de théâtre,
partout. Pourquoi le dire encore ... la lune, l'étang, c'est beau.
Les illusions sont dans notre tête, pas dans la nature.
La
lune qui se faufile au-dessus d'une clairière. Un cerf brame. Une
biche s'esquive. Tout ce que nous ne voyons pas est aux aguets. Deux
seules alternatives, la fuite ou fondre sur nous.
Lloydia
et moi, comme la lune, silencieusement, nous regardons avant de
poursuivre jusqu'au chalet. Indifférent à notre passage, nul n'a
bougé.
Samedi 29 octobre 2011
Cet
après-midi, nous emmenons deux amis jusqu'à Saint-Héand, pour
assister au concert de la chorale Récréation. Ginette petite souris
esseulée aux oreilles vieillissantes, et Yann, dont les yeux ne
voient plus q'un mince filet de lumière au centre de la rétine.
Dialogue curieux entre ces deux êtres qui ne se rencontrent que
lorsque nous les invitons ensemble.
Ginette déballe de son sac toute une documentation d'activités
faites ou à faire. Yann très technique, embraye dès que l'occasion
se présente, sur un " comment çamarche " parfois confus,
parfois très précis.
En sortant de la salle Ginette nous parle de ce qu'elle a entendu,
l'harmonie des voix, le choix des chansons, l'accompagnement et Yann
de ce qu'il a vu, le mouvement des choristes, les changements de
lumière.
Marie D passionnée de chant, descend de scène en fin de spectacle
et vient faire admirer son costume. Lloydia distingue enfin les
couleurs de la corolle qui orne son cou, Yann touche la fleur de
tissus dans ses cheveux et les bracelets soyeux autour des poignets
et des chevilles. Elle se décrit : longue robe noire, tour de cou
blanc et mauve, fleurs et bracelets mauves.
L'instant d'avant volubiles, maintenant silencieux devant cette
délicate attention et Ginette soudain ...
—
À la maison de retraite ils ont
aussi une chorale, enfin c'est plus pour les occuper qu'autre chose
...
Ginette
parle, parle, une façon d'éviter les questions que ses oreilles
entendraient mal. Pourtant au retour, dans la voiture chacun se
plonge dans ses souvenirs. Les chansons tracent un nouveau chemin et
réveillent des bonheurs d'autrefois.
Dimanche 30 octobre 2011
Dans
nos pays "civilisés", jamais nous n'accepterions, après
une catastrophe naturelle, de laisser vivre les victimes dans les
mêmes conditions que les sans-abris que nous côtoyons
quotidiennement.
Lloydia s'indigne, s'insurge, jamais ne se résigne. Très poétique
de dormir en plein été à la belle étoile. C'est une aventure qui
nous laissera des traces. Mais en plein hiver ... Nos consciences
engourdies. Nos utopies se dérobent. Une petite pièce ou un gros
billet, notre générosité tombe dans la sébile sans résonner.
De nombreux immeubles sont vides. Tous les prétextes sont bons pour
en refuser l'accès, mais les deux plus souvent invoqués
l'insalubrité et le manque de sécurité. Personne n'explique
comment nos rues mal entretenues ne peuvent-elles être salubres, ni en
quoi elles seraient plus sures qu'une installation électrique
vétuste qui risque de provoquer un incendie. L'odeur de la chair
brûlée nous insupporte plus que le cadavre gelé d'un clochard. On
croit rêver.
Chaque jour ma blessure suppure, chaque jour, je cautérise à
l'oubli. Quelle lâcheté.
Lundi 31 octobre 2011
Depuis ce matin, paraît-il, nous sommes une équation à sept
milliards d'inconnus.
Mardi 1er
novembre 2011
La
joie du paysage maintient la transparence de l'air. Chaque plante
respire et pose son souffle dans nos bronches. Échange permanent
entre tout ce qui vit. Ces choses simples auxquelles nous ne pensons
jamais. Nos poitrines se soulèvent, nous respirons.
Un
air que nul brevet ne protège ... à notre disposition,
gratuitement. Gratuitement ? Quelle hérésie ! Et toute cette chaîne
de transformation jusqu'à nos poumons ! Du bénévolat ? Pas si sûr.
Premier
novembre, fête des morts. Sommes-nous plus utiles morts que vivant.
Il
faudra bien un jour aller nourrir ce qui nous a nourris.
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